HCSHR 6:03 — Diane Descôteaux, Maelstrøm haïku

 

HCSHR 6:03Diane Descôteaux, Maelstrøm haïku. Préface: Pascale Senk. Éditions du Grand Ruisseau, 3e trim, 2022. 123 pages. 9782924470-38-1, papier ; 978-2-924470-39-8, numérique. <www.editionsdugrandruisseau.ca/maelstrom>, info@dianedescoteaux.com

 Recension par ©Janick Belleau

     Séduite par les pages couvertures 1 et 4 de l’artiste Nathalie Dupont, je m’empresse d’ouvrir le recueil de haïkus de Diane Descôteaux, Maelstrøm.

     La première page offre un extrait de Pour avoir aimé la terre du Roumain Panaït Istrati. Je ne vous en dis pas plus, mais les trois phrases citées m’ont galvanisée. J’ai cessé toutes affaires courantes et plongé dans le recueil de notre poétesse amoureuse de la Vie, de la Liberté, de la Simplicité.

     Le mot de l’éditrice Paule Mongeau résume son sentiment quant à son autrice: Diane «amarre notre dérive grâce à un brin de folie salutaire.» Pour sa part, la préfacière Pascale Senk estime que la poétesse «nous emporte dans (…) les tourbillons d’une inspiration qui claque, qui craque, qui gueule presque parfois contre (…) la stupidité des systèmes et des sociétés.»

     Je vous invite dès lors à entrer dans le monde de la Québécoise où règnent passion et compassion. Précisons que le recueil se découpe en six volets et se compose de haïku et de senryū, le petit cousin souvent moqueur de la nature humaine.

     Il était une fois, au 21e siècle une pandémie, qu’on nommera Covid, qui a, dit-on, vu le jourà cause d’un mammifère dont plusieurs continents n’avaient entendu parler auparavant. Dès lors, comment vivre en ces temps contagieux? Quelles règles suivre? Se conformer ou désobéir? Quels médicaments avaler? En confinement, quelles activités privilégier? Plutôt que pleurer, peut-être vaut-il mieux rire

     la mode en boutique/ passant de large à XL –/ l’ampleur pandémique

     Le deuxième volet, le plus court, s’avère sans doute le plus sanglant (raid militaire, attentat, génocide). L’Humain n’apprend-il rien du passé?

     trêve pour la paix –/ lorsque les bombes se taisent/ la lune apparaît

     Ah, pourquoi ne pas s’abstraire du quotidien pesant et explorer la Chaîne Côtière de l’Ouest canadien ou le stratovolcan actif du Mont Rainier à Washington ou  un «champ de riz» à proximité du mont Fuji. Et puis, pourquoi ne pas parcourir la côte islandaise pour y «traquer les geysers» ou l’Écosse dans un but avoué

     des miles innombrables/ sur les rives du Loch Ness –/ le monstre introuvable

     Les décennies s’écoulent, les souvenirs s’accumulent ainsi que les mots de ceux et celles qui écrivent, ainsi que la musique de groupes populaires dont celle de Pink Floyd et de Black Sabbath ; sans oublier la mélancolie qu’inspirent certains instruments:

     dans son cœur en bois/ si triste est le violoncelle/ et nul ne le voit 

     Sur la route, l’autrice, passeuse avérée, essaime le petit poème d’origine nippone dans ses ateliers d’écriture.

     bain multiethnique –/ d’une classe de haïku/ au dal exotique

     Dans le dernier volet, le plus long, se voile ou se dévoile l’astre de la nuit, fourmillent des moments personnels vécus ou observés, se profile une galerie d’animaux vertébrés ou non.

     chicane de chats/ entre le jeune et la vieille/ le chien règle ça

     Vous aurez remarqué que Diane Descôteaux se distingue de la majorité des poètes de haïku francophones en rimant les lignes 1 et 3 et en respectant les 17 mores (en japonais, nos 5-7-5 syllabes).

     M’étonnant de la barre oblique sur le ø (alphabet norvégien) du titre, Diane m’explique dans un courriel la raison d’être de «cette fantaisie»: «toutes les licences sont permises, surtout en poésie ! Je trouvais que cette ligne oblique dans le O ressemblait à l’aiguille d’une boussole à cadran solaire ou à celle d’un sextant de bateau.» Je m’incline.

     Diane Descôteaux = poétesse libre. Elle conduit sa barque comme elle l’entend la faisant voguer au-dessus des montagnes, tourbillonner dans l’atmosphère, remuer l’horizon… tout en ayant les pieds ancrés sur terre.

     Mentionnons que des images acquises sur Internet et des photos en noir & blanc prises et modifiées par l’autrice soutiennent la lecture.

Ó Janick Belleau, décembre 2022
Paru dans L’Écho de l’écho – carnet du haïku, No 9, XII 2022

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