HCSHR 1:4: Le haïku à la lumière du braille ; collectif de haïkus


Le haïku à la lumière du braille, collectif de haïkus inspiré du Concours de poésie international Louis Braille, préface par Georges Voisset, traduction dans le texte, en anglais par Maxianne Berger et en arabe par Abderrahim Bensaïd et Khadija Nasseur. Éditions Renée Clairon, 2018. ISBN 978-2-9817397-1-1. 94 pages. Couverture souple. $12.95, 12€. Pour chaque livre vendu, les Éditions Renée Clairon remettront 2$ à la fondation En vue, de l’institut Nazareth et Louis Braille qui œuvre au Québec pour le soutien des personnes aveugles et ayant une déficience visuelle. reneeclairon.ca 

Il y a une expression japonaise ‘hanami’ qui se traduit en français ‘regarder les fleurs’; c’est la coutume traditionnelle japonaise d'apprécier la beauté des fleurs.’ (Wikipédia : hanami)
On pourrait croire qu’un non-voyant est exclu de cette tradition et ne peut regarder les fleurs, lorsque mai arrive. Mais la poésie japonaise ne se limite pas à un sens. Elle inclut tous les sens. Regarder les fleurs c’est se rendre sous les cerisiers, toucher les pétales, respirer le parfum, goûter le saké.
jardinier aveugle
Il reconnait les fleurs
à leur odeur
Patrick Somprou
Ce collectif de haïkus a jumelé en binôme des haïkistes et des non-voyants pour l’élaboration des poèmes. Il fait suite à un Concours, sous la présidence du musée Louis Braille à Coupvray (village natal de Louis Braille) et une participation de facebook décrits par Joël Hardy.
Suite à une série de traductions, en anglais, en arabe, en braille, etc. Georges Voisset dans la préface y trace un portrait du haïku comparé au braille comme mode fulgurant d’écriture. Soulignons le rôle d’Huguette Ducharme qui servit d’intermédiaire pour la participation du Québec, à ce collectif.
Le voisin aveugle
elle élève la voix
pour lui parler
Monique Lévesque – Conrad Meunier
Quelle occasion d’écrire sur la lumière, la nuit, le noir, le blanc !
Des pages en braille –
ses doigts glissent doucement
sur la voie lactée
Eduard Tara – Adina Padurarriu
La Voie lactée, cette magnifique rivière d’étoiles nocturnes où les astronomes découvrent actuellement un trou noir géant en son centre. Comme une cécité céleste. Comme un diamant disparu du collier.
Le haïku ce petit poème réaliste ne peut s’attarder à décrire et à qualifier. Il saisit rapidement quelques traits et crée une scène, une émotion, une urgence de dire. Patrick Fetu ayant suivi sa mère en maison de retraite, participa à ses façons de perdre la vue, les souvenirs, la mémoire, la personnalité.
Maison de retraite
à chaque rire
elle donne un nom
Patrick Fetu
Le haïku est une poésie de contraintes née vers le XVIe siècle, au Japon. Les règlements sont nombreux pour encadrer cette façon de dire le réel. Juxtaposer le haïku et le braille donne lieu à un évènement littéraire à la fois rare et digne d’intérêt.
En effet, ce premier haïku du recueil dessine l’espace conquis par une canne et crée une liberté insoupçonnée : les limites du monde s’entrouvrent.
Promenade en ville
les limites du monde
au bout de ma canne
Patrick Gillet – Marion Souty
En voir davantage, en lire plus, les yeux fermés après chaque poème, et c’est un nouveau lecteur qui s’éveille.
Recension par Micheline Beaudry

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