HCSHR 5:11 — Cécile Racine, Arbre-en-ciel

HCSHR 5:11Cécile Racine, Arbre-en-ciel ; Dijon, FR., mars 2022. Prix 10 € ; incluant les frais de poste 20 $ CA. Pour commander : en Europe – aeropageblanchard@gmail.com ; au Canada – racinec@gmail.com

 Recension par ©Janick Belleau

Sans nécessairement « courir les concours » comme le chantait Robert Charlebois, l’espoir de gagner est certes très présent. Si l’on gagne, alors là, c’est le gros lot ; c’est le cas de la Montréalaise de naissance Cécile Racine, lauréate du concours « Prix d’Édition poétique de la Ville de Dijon 2022 ». Le Prix est conjointement organisé par l’Association Les Poètes de l’Amitié – Poètes sans frontières. Les six membres du jury ont reçu 29 manuscrits. Le vote du public a déterminé lequel des trois manuscrits finalistes serait le gagnant. Prix plutôt généreux : « Arbre-en-ciel » a été imprimé en 500 exemplaires dont 150 ont été remis à l’autrice.

Le recueil se découpe en quatre saisons contenant chacune une douzaine de haïkus. En tout début de recueil, la poète écrit qu’elle est une descendante de Normand Étienne Racine (1607-1689). Une recherche rapide sur Généalogie Québec signale qu’il était natif de la Basse-Normandie et charpentier. Tiens, tiens… le bois, des arbres, leurs racines. Tout se tient. L’auteure fidèle à son patronyme célèbre la Nature dans chacun des quatre volets de son premier recueil. V. 1 : Printemps Lilas.

duo de tilleuls / soudain se met à danser - / la magie de l’onde

Deuxième découverte : Cécile Racine s’attache au haïku classique. Elle adhère aux réglementaires 17 syllabes (5-7-5 sur trois lignes), sans effort semble-t-il, et au mot de saison (kigo). Tiré du V. 2 : Été Saule.

blessure d’amour / durera toute la vie / sur l’écorce blanche

La césure (kireji), qu’elle vienne au premier ou au second vers, offre un deuxième mouvement… si précieux car il permet à la lectrice, au lecteur, de s’approprier ce cher petit poème d’origine japonaise, de l’interpréter de la façon qu’il lui plaira.

juste deviner / leur présence silencieuse / à travers l’orage

Autre surprise : l’autrice brille par son absence répétée : en effet, aucune des trois premières saisons ne révèle sa présence. Pas de « je, me, moi ». Que des poèmes implicites, évocateurs. Volet : Automne Érable.

la vraie star de Cannes / cette lumière de mai / traînant en octobre

Dernier volet : Hiver Sapin. Dans cette section, Cécile Racine se dévoile un peu : « branches craquelures / juste au-dessus de ma tête ».

Ce recueil donne l’impression que l’auteure pratique la simplicité volontaire en écriture poétique… à un point tel que je me demande s’il ne serait pas opportun de le recommander aux élèves du primaire – la poète n’a-t-elle pas fait carrière au Québec dans l’enseignement du français ?

arbre lumineux - / le soleil par la fenêtre / lui crée un jumeau

Le préfacier Léon Bralda, lauréat du Prix d’Édition poétique de la Ville de Dijon 2021, a relevé d’excellents haïkus de l’autrice que j’aurais moi-même cités, mais à quoi cela servirait-il de copier / coller des poèmes déjà sélectionnés par l’auteur de la préface ? Diversifions les points de vue… rendant ainsi hommage à la Poésie.

Le superbe visuel des couvertures 1 et 4 a été conçu par une infographiste (son nom a été omis) d’après une photo originale croquée par la poète. Je vous laisse deviner son sujet.

Ó Janick Belleau, mai 2022
Article paru initialement dans
L’écho de l’écho – carnet du haïku

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