HCSHR 5:09 — Louise Martin, …Vers la Pleine Lune
HCSHR 5:09 — Louise Martin, …Vers la Pleine Lune : Haïkus et illustrations de l’auteure. Préface : Diane Descôteaux. Éditions des petits nuages, Ottawa, ON. 2021 ; 978-1-9265-1964-7. 20 $ CA. petitsnuages@gmail.com, Louise Martin mar_pain2005@hotmail.com
recension par © Janick Belleau
J’avoue volontiers que ce premier recueil de Louise Martin a piqué ma curiosité lorsque j’ai réalisé qu’il était dédié à Maxime, son « fidèle compagnon des 14 dernières années ». Qui est Maxime ? Son « petit chien Papillon ». Le titre du recueil prend dès lors tout son sens lorsqu’on jette un coup d’œil à la « Table des lunes » : les cinq chapitres portent le nom d’une Pleine Lune mensuelle à la façon du chamanisme amérindien.
Il faut parfois lire un recueil de poésie brève, plus d’une fois, pour en capter l’essence afin de la rapporter / résumer à la lectrice, au lecteur. Lors de ma première lecture de « … Vers la Pleine Lune », j’ai ressenti, au chapitre initial, la marque de la Lune du corbeau (Pleine Lune de mars). L’hiver pandémique a été sombre et rigoureux au Québec.
promenade du soir – / plus qu’un seul petit amour / au bout de la laisse…
Un haïku portant sur un vêtement coloré donne l’espoir d’une température bientôt clémente.
printemps hâtif / plus de fleurs sur ma robe / que sur le lilas
Puis, vient le temps de la saison du renouveau, de la renaissance. La Lune des fraises (Pleine Lune de juin) provoque un mouvement de légèreté. Même les illustrations couleurs de l’autrice, ainsi que ses haïkus, reflètent le plaisir.
sur la corde à linge / des perroquets juchés / sur des bermudas
La Lune des moissons (Pleine Lune de septembre) représente, on s’en doute, l’équinoxe automnal. Les illustrations de l’auteure adoptent la couleur de la sépia aussi connue sous le nom d’encre de seiche.
derniers beaux jours – / déambulateur doublé / par l’écureuil blanc
Vous aurez remarqué que Louise Martin favorise le haïku qui évoque l’instant présent et tient la poète à distance – dans 75 % des cas, elle évite le pronom personnel « je » ; évite ou ne ressent pas le besoin d’imposer sa présence. Un seul chapitre, celui de la Lune Froide (Pleine Lune de décembre), dévoile davantage, selon moi, des moments personnels.
bonhomme de neige – / mon chien ne sait pas encore / que c’est son dernier
Quelle bonne idée que de finir son recueil avec la Lune du Sud. Quitter les températures sibériennes pour profiter du « toit ouvrant » de la voiture, pour voir les goélands se démener « pour un bout de pain », pour marcher « ensemble à la plage ». Raccourcir l’hiver de quelques semaines en les passant sous le soleil.
au retour du sud / moins de blanc dans les champs / et plus sur les meubles
Louise Martin est nouvellement acquise au haïku grâce aux « généreux conseils d’Hélène Leclerc et (…) au mentorat de Diane Descôteaux » (toutes deux poètes reconnues).
Notre autrice est « fondamentalement une artiste poète dans l’âme ». Elle a grandi dans un milieu hautement culturel. Pour gagner sa vie, elle a enseigné pendant 30 ans en immersion française à des élèves du primaire dans la province de l’Ontario. Parallèlement, il était tout aussi normal qu’elle devienne bachelière en arts visuels. Elle a participé à nombre d’expositions dont plusieurs en solo. La douzaine d’illustrations agrémentant son recueil donne envie de les voir en vrai.
Un dernier mot sur Maxime : dans sa Préface touchante et attentionnée, Diane Descôteaux écrit qu’il est décédé en octobre soit dans la Lune du Chasseur. Pour ma part, je lui souhaite d’avoir l’occasion de visiter Sirius, le chien d’Orion, chasseur légendaire dans la mythologie grecque.
Ó Janick Belleau
(mars 2022)
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